Comprendre le cerveau en développement, dès les premiers instants de vie
Dr Mathieu Dehaes, Ph.D., est professeur titulaire au Département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire de l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche Azrieli du CHU Sainte-Justine depuis 2013. Sa formation en mathématiques, informatique et génie biomédical, acquise respectivement à l’Université du Québec à Chicoutimi, à l’Université de Montréal et à Polytechnique Montréal, l’a mené à s’intéresser aux méthodes et technologies de l’imagerie médicale. Après un premier post-doctorat à Paris, il s’oriente vers la néonatalogie lors d’un post-doctorat marquant au Boston Children’s Hospital et Harvard Medical School. Cette expérience, qu’il décrit comme un véritable tournant dans sa carrière, l’amène à développer un intérêt pour l’imagerie médicale pour étudier le cerveau et le développement de l’enfant dès ses premiers instants de vie, particulièrement chez le fœtus et nouveau-né à risque de lésions cérébrales liées à l’asphyxie périnatale, à la prématurité ou aux cardiopathies congénitales.
Une approche globale du cerveau en développement
Il s’intéresse notamment à l’oxygénation cérébrale ainsi qu’aux composantes hémodynamiques et métaboliques du cerveau en développement, dans le but de mieux prédire le devenir neurodéveloppemental des enfants.
Au-delà des mesures d’imagerie, le Dr Dehaes privilégie une approche globale où les facteurs environnementaux et socio-économiques sont considérés au même titre que les données biologiques. Son équipe collabore étroitement avec les parents de l’enfant, ainsi qu’avec un vaste réseau interdisciplinaire de néonatologues, intensivistes, cardiologues, radiologues, pédiatres, physiothérapeutes/ergothérapeutes, psychologues de l’enfance et chercheurs.
Plus récemment, il s’intéresse non seulement au nouveau-né, mais aussi au développement du cerveau de l’enfant en croissance, dans le cadre d’études de cohortes longitudinales, afin de prédire plus fidèlement la trajectoire neurodéveloppementale de l’enfant. De façon complémentaire, il dirige aussi des recherches chez le petit animal pour étudier le développement de la rétine, une structure étroitement liée au cerveau. Cette approche translationnelle lui permet de vérifier des observations chez l’humain dans un environnement « mieux » contrôlé.
Patience, résilience et équilibre
Opérer un laboratoire de recherche représente un défi constant, souvent accompagné d’obstacles scientifiques, logistiques et financiers. Dr Dehaes insiste sur l’importance de la patience, de l’autocritique et de la résilience/persévérance dans un milieu comme la recherche académique où les refus de financement ou de publication font partie du parcours. « Il faut savoir encaisser les critiques, rebondir et bâtir à partir de ses refus », souligne-t-il.
Père de famille, il accorde également une grande importance à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, considérant que la recherche est une passion exigeante mais qu’elle ne doit jamais occulter la valeur du temps partagé avec ses proches.
La recherche, un effort collectif
Convaincu que la recherche clinique est avant tout un effort collectif, Dr Dehaes met de l’avant la collaboration comme moteur de progrès, avec pour objectif ultime d’améliorer les soins aux patients. Tout au long de son parcours, il nomme avoir eu la chance de côtoyer des mentors et collègues passionnés et brillants qui l’ont inspiré. À son tour, il souhaite transmettre cette passion à la relève en recherche, notamment aux étudiants et doctorants de son laboratoire.
Caroline Truong, étudiante en médecine, promotion 2026
